Le VC tel qu’il a évolué est-il adapté pour financer les projets impact et durables ? Les modèles evergeen (sans horizon de sortie prédéfini) pourraient-ils se généraliser ? Chez Asterion, ces questions nous sont chères... On vous dit ce qu'on en pense dans cet article
Il y a une semaine, Roland Berger et Station F publiaient une étude conjointe sur l’évolution des sociétés de capital risque face au défi climatique.
8 000 milliards d’euros sont nécessaires à la transition écologique d’ici 2030 selon l’UE. Répondre à l’urgence du changement climatique requiert des moyens conséquents, et cela ne pourra pas se faire sans capitaux privés.
D’après Roland Berger, qui a interrogé des dizaines de sociétés françaises et européennes pour réaliser cette étude (nous avons répondu au questionnaire en ligne), le petit monde du VC serait en train d’opérer un virage significatif dans la destination de ces investissements. La preuve avec cette donnée : en 2021, c’est 111 milliards$ qui auraient été investis dans des startups et scale ups ayant une portée climatique dans le monde.
Phénomène de mode ou conversion durable ? Le VC tel qu’il a évolué est-il adapté pour financer les projets impact et durables ? Les modèles evergeen (sans horizon de sortie) pourraient-ils se généraliser ?
L’étude esquisse quelques pistes de réponses… La conclusion très en phase avec la philosophie d’investissement Asterion nous a évidemment beaucoup plu… Décryptage :
Aujourd’hui, 85.3% des fonds de VC affirment avoir une verticale ou une poche climat dédiée dans leur portefeuille (STATION F & Roland Berger survey, 2023).
Parmi les raisons derrière ce mouvement, l’étude mentionne :
Dans la deuxième partie, les rédacteurs de l’étude abordent la question qui fâche : l’inadéquation entre les modèles de VC contemporains et la recherche de durabilité. Et ce, pour au moins trois raisons.
Pour prendre le contrepied de ces défaillances du modèle VC actuel, l’étude évoque en conclusion l’émergence des schémas evergeen : des fonds au capital patient et sans horizon de sortie. Les fonds evergreen proposent une alternative aux fonds à date de sortie déterminée, qui nécessitent un retour du capital à horizon court-terme, et polarisent de fait l’investissement vers des entreprises avec un potentiel de retour rapide.
Nous avions eu l’occasion de partager cette conclusion dans un post Linkedin que je republie ici pour l’occasion :
À l’heure où tous les fonds créent une branche dite “impact”, il n'est pas simple de s’y retrouver. La plupart des VC (y compris dits “impact”) créent des fonds avec une date de sortie (entre 6 et 8 ans pour la plupart).
Cela a deux conséquences :
- La nécessité de retourner le capital à horizon déterminé pousse à choisir des entreprises au potentiel court-terme VS innovations de rupture
- Une pression supplémentaire est mise sur les fondateurs pour vendre plus tôt ou trouver un nouvel investisseur, ce qui a un impact souvent négatif pour l’entreprise, les fondateurs et leurs employés
Un fonds evergreen lui n’a pas de date de sortie pré-établie et fournit ainsi plus de sérénité aux fondateurs qui peuvent se projeter sur le long terme.
Chez Asterion, la structuration de nos investissements via des véhicules dédiés (SPV) apporte aussi plus de flexibilité à notre communauté d’investisseurs qui a la possibilité de sortir à chaque événement de liquidité.
En résumé, oui il y a un momentum dans la climate tech. Mais, si on veut prendre au sérieux la question du long terme, cette évolution doit aller de pair avec une réinvention des schémas d’investissement, à commencer par l’evergreen.
Bien sûr, l’evergreen n’est qu’une étape dans la réinvention du modèle. D’autres initiatives et gardes-fous sont à mettre en place. Citons par exemple : le fait d’ancrer la mission dans les statuts, l’évaluation de l’impact en mobilisant toutes les parties prenantes, la gouvernance pérenne des véhicules d’investissement ou la création de communs permettent de faire progresser tout l’écosystème. Et bien d’autres projets que nous avons dans les cartons. Mais nous aurons l’occasion d’en reparler.
Pour aller plus loin :