L'impact et la pérennité des entreprises familiales

Face au changement climatique, toutes les entreprises ne sont pas égales. Les entreprises familiales sont mieux armées que les autres, elles qui se donnent par définition un horizon de long terme.

(Tribune initialement publiée sur le JDN)

Ancrage territorial, tissu de relations de confiance, culture du long terme : rien d’étonnant au fait que les entreprises familiales françaises aient fait preuve d’un haut degré de résilience pendant la crise pandémique. Si elles font rarement les gros titres, elles représentent pourtant plus de 80% de notre tissu productif.

Les enjeux de la transmission

Pour autant, elles sont toutes confrontées à la même difficulté : la transmission. En effet, plus des deux tiers d’entre elles ne passent pas le cap de la seconde génération, et ce pourcentage diminue à mesure que les générations se succèdent.  

Céder un patrimoine, c’est aussi transmettre un certain rapport au monde. Ici, c’est la nouvelle génération d’une grande association familiale qui refuse de prendre l’avion pour se rendre à un séminaire de quelques jours. Là, c’est un descendant qui dirige tous ses investissements vers l’agro-foresterie. Quand ce n’est pas toute l’activité historique qui est réorientée par une héritière en recherche d'équilibre avec l'histoire familiale..

Dans une entreprise familiale, le souci des générations futures ne relève pas d’une abstraction : dès lors qu’il s’agit de céder un capital productif à ses héritiers, le lien est tangible. Transmettre signifie maintenir ce lien.

Alors, comment faciliter le dialogue intergénérationnel et créer les conditions d’une transmission sereine ?

(Ré)inscrire l’impact dans l’ADN de l’entreprise pour garantir sa pérennité 

Un patrimoine qui est transmis, c’est aussi un capital humain et immatériel, une capacité à créer des emplois, à faire vivre des filières locales, à s’inscrire sur le temps long. La clé du succès, à long terme, repose sur la capacité à rediriger ses activités et redéployer ses capitaux pour épouser les mutations économiques de son temps. Il y a deux siècles, les Peugeot étaient des meuniers. Puis le moulin familial est devenu une fonderie, la fonderie est devenue une manufacture, la manufacture, des lignes de production automobile. La révolution industrielle aujourd’hui à l'œuvre, c’est celle de l’impact. La prise en compte des conséquences sociales et environnementales de son activité n’est pas une histoire de grandeur d’âme : c’est la garantie du maintien des conditions de rentabilité futures.

Pour un chef d’entreprise qui a véritablement le souci du temps long, mettre dès aujourd’hui l’impact au coeur de son projet industriel est une façon d’enjamber l’étape critique de la transmission. C’est en effet une philosophie d’action qui rassemble tout le monde : les uns parce qu'ils désirent voir perdurer ce qu’ils ont créé, les autres parce qu'ils seraient prêts à refuser un héritage dont ils ne pourraient faire un vecteur d’engagement.

Devenir acteur de la révolution de l’impact pour les générations futures

Investir et s’investir auprès des entrepreneurs à impact est un des leviers permettant d’initier et diffuser cette démarche : un apprentissage par l’expérience en quelque sorte. Plusieurs méthodes s’offrent aux entreprises familiales : investissement dans des fonds evergreen, création d’un véhicule d’investissement dédié ou encore participation à un multi-family office spécialisé. Les plus ambitieuses vont même jusqu’à animer un club deal impact interne à la famille, qui a comme avantage indirect de créer du lien entre les générations.

Pour exprimer à plein leur potentiel, les jeunes pousses de l’impact auront besoin du capital patient et de l’expérience des familles dirigeantes des plus belles PME et ETI françaises, lesquelles peuvent trouver un sens nouveau à leur mission. Entre la finance à impact et les entreprises familiales, c’est donc à la fois un mariage de cœur et de raison.

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